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A Vincennes, le marchand tente de limiter les pertes

Union Presse s’associe au Master journalisme de CY Paris Université pour une série de reportages, réalisés par des étudiants en journalisme, sur le quotidien des marchands de presse en région parisienne pendant cette période de crise sanitaire. Coup d’envoi avec le reportage, à Vincennes, de Timothé Goyat. 

« Le Parisien, c’est le journal le plus demandé chaque jour ». Sur la place Pierre Sémard, à Vincennes (Val-de-Marne), le kiosquier Firas Mallat a pris la décision d’ouvrir pendant ce deuxième confinement, comme il y est autorisé en tant que commerce « essentiel ». Ce kiosque, qui a l’aubaine de se trouver à la sortie du RER A de Vincennes, sur une grande place, a toutefois subi une baisse de fréquentation due au reconfinement décidé fin octobre par Emmanuel Macron.

Une perte financière conséquente

Si les points de vente de presse font partie des rares commerces autorisés à rester ouverts pendant cette période, les habitués, quant à eux, peinent à venir. Malgré des conditions plus souples pour ce deuxième confinement. Pour le kiosquier, l’explication est simple. « En ce moment, il n’y a pas assez de clients. Avec le confinement, ils ont peur de sortir », résume Firas Mallat. 

Avec la baisse de fréquentation, le marchand a pris la décision de fermer boutique le dimanche, alors qu’il était traditionnellement ouvert pour le jour de sortie du JDD. Cela se répercute sur ses recettes à la fin de la semaine. « Avant, du mercredi au samedi, on pouvait avoir un chiffre d’affaires dépassant 1 200 euros par jour, maintenant, on atteint à peine 700 euros », regrette le kiosquier. 

Recherche d’informations

Pendant le premier confinement au printemps, Firas Mallat avait choisi de fermer son kiosque. Cette fois, changement de contexte, il s’agit surtout d’amoindrir les pertes. Une évolution qui a ravi les clients du kiosque, désœuvrés en mars dernier. « J’étais gêné parce que pendant le premier confinement c’était fermé. Ça devient de plus en plus difficile de trouver un journal autrement que sur internet », souligne ainsi ce lecteur régulier du Canard Enchaîné et du Monde.

Au-delà de l’actualité, le kiosquier a remarqué que certains clients étaient aussi en recherche d’informations et de services bien concrets, comme pour les attestations obligatoires de déplacement. « Les personnes âgées n’utilisent pas de téléphones portables et ne savent pas ce qu’elles doivent faire », note ainsi Firas Mallat. Il passe donc une partie de ses journées à expliquer à ces clients, peu à l’aise avec les nouvelles technologies, les démarches à réaliser, ou indiquer les lieux dans lesquelles ils peuvent faire imprimer les formulaires nécessaires.

Une organisation à revoir

Afin de s’adapter aux protocoles sanitaires, le marchand de journaux a pris des mesures pour limiter les contacts avec les clients. Il s’occupe ainsi lui-même d’attraper les journaux ou magazines qu’on lui demande. « Je préfère avoir le journal qui se trouve derrière, on ne sait jamais s’il a été touché par une autre personne avant », précise une cliente, pendant que Firas Mallat retire son magazine du linéaire.

Au moment du paiement, autre évolution : il suffit désormais d’insérer ses pièces dans une caisse automatique, plus hygiénique et qui permet d’éviter la manipulation de la monnaie. Avec un minim de paiement abaissé de 5 à 1 euro, le marchand incite également les clients à utiliser leur carte bleue pour régler leurs achats.

Le kiosquier se montre aussi solidaire d’autres commerçants, comme les libraires, obligés de fermer pendant ce deuxième confinement. Une distinction entre commerces « essentiels » ou non qui lui paraît un peu floue. Dans ce contexte, Firas Mallat a désormais pris l’habitude de répondre à des demandes inhabituelles. « Des clients viennent dans les kiosques et demandent des choses qu’on ne propose pas. On ne vend pas de livres pour les écoles, pour les enfants ou même pour l’université. On m’a même demandé des cahiers et des crayons », raconte-t-il ainsi.

Timothé Goyat