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Avec Jean-Luc Séité, en direct de la Baule (Loire-Atlantique)

Le temps n’est pas à la baignade pour la clientèle de Jean-Luc Séité, gérant depuis 6 ans du presse-tabac de l’avenue Louis Lajarrige, à la Baule (Loire-Atlantique, 17 000 habitants). En effet depuis le début du confinement, le bord de mer a pris des allures fantomatiques. «Tous les côtiers bénéficient de la transhumance. J’ai davantage de clients en magasin que certains collègues marchands, mais c’est loin d’être la normale. On aurait dû accueillir environ 700 clients par jour, et là, on est à 400. Pâques d’habitude, correspond à mon 3ème week-end de l’année en chiffre d’affaires ! Je sens qu’on fera -25% ou -30%, alors qu’en août, la presse représente 40% de mon chiffre d’affaires. Je pourrais au moins payer mes charges. Ceci-dit, je respecte ceux qui ont fait le choix de fermer leur commerce ».

Le sien d’ailleurs, bien que moins approvisionné en hors-séries, sur ses 150 mètres linéaires, est devenu indispensable aux riverains. Au delà des quotidiens, des magazines de cuisine et de jeunesse, on y vient surtout pour des « petits besoins du quotidien ». « A la mi-mars, avec mon épouse, nous étions les seuls à 20 km à la ronde à proposer les recommandés via l’activité de relais-colis. Maintenant, nous proposons aussi des piles auditives pour les personnes âgées. On les aide aussi à remplir les attestations de déplacement ». Une sollicitude quasi-naturelle pour ce commerçant, qui a aussi établi un partenariat avec la librairie voisine, contrainte de fermer pendant un temps. « Via sa page Facebook, ses clients, qui sont aussi les miens, peuvent passer commande de livres et les récupérer dans mon magasin. C’est cette force de service qui est importante, d’autant plus que nous partageons les mêmes problématiques. La rue où je suis a un esprit village ».

Enfin, Jean-Luc Séité rend service aux hôpitaux, donnant aux patients des supports de lecture, via l’initiative « Hôpitaux-Marchands de Presse solidaires », lancée par Jean-Philippe Colombier, président de la région Nord-Ouest de Culture Presse, qui s’étend désormais sur 24 départements : « Je récolte les trop vieux de Ouest-France qui sont distribués à l’hôpital de Guérande ».

Aussi ce commerce, Jean-Luc Séité ne pourrait le tenir sans l’aide et la gratitude de ses clients : « L’un d’entre eux, qui a sa propre société, m’a fait une vitre en plexiglas sur-mesure ». Quant à sa vision du métier, la diffusion de la presse ne pourrait être imputée au confinement, encore moins vis-à-vis des personnes âgées et isolées. « La diffusion doit continuer. Pour éviter les fake news en ce moment mais aussi parce que je reste persuadé que ce qui paraît sur papier, dans la presse écrite donc, est plus fiable. Au moins, il y a le temps de vérifier les informations ». « Pas comme avec cette histoire de Ligonnès ! », plaisante t’-il. Et puis, si la situation des commerces s’améliore dans les semaines à venir, le diffuseur ira se remonter le moral en s’adonnant à sa grande passion : « La pêche en mer, que je pratique en amateur lorsque je ne suis pas au magasin ».