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Avec Laurent Diemer, en direct de Plumergat (Morbihan)

En trois ans et demi, depuis l’ouverture de sa presse-tabac-bar, Laurent Diemer, 55 ans, n’avait jamais fait d'aussi bons chiffres pour le mois d’avril. Alors que la trésorerie de nombre de ses confrères est en souffrance, son commerce situé à Plumergat (Morbihan) qu’il gère avec son épouse (40 mètres de linéaires développés), tourne à plein régime et 7 jours sur 7. « 20 ans d’expérience dans la grande distribution, voilà ce qui m’a permis d’anticiper ! Etant donné que le magasin est situé à la campagne, j’avais anticipé le fait que les gens déserteraient le centre-ville. J’ai aussi anticipé les demandes de tabac exceptionnelles. La trésorerie, c’est le nerf de la guerre ! Je suis à +70 % en vente tabac, + 104 % en accessoires et +78  % pour la FDJ », détaille le commerçant.

Laurent Diemer comptabilise environ 150 passages caisse par jour, malgré une réduction de deux heures de ses plages d'ouverture. Pour la presse, le marchand voit également une très belle tendance : "+ 32 % malgré les ruptures » et des quotidiens très plébiscités : « Je vends plus de quotidiens que d’habitude. Des titres de télévision, des féminins. J’ai même déjà écoulé la moitié de mon stock de mots croisés pour lequel je ne suis pas réapprovisionné ! ».

Son secret pour attirer la clientèle dans un bourg de quelque 1 500 à 2 000 habitants ? Faire du chiffre autrement, tout en rendant service aux locaux. « J’ai un ami maraîcher avec qui j’ai mis en place la vente de paniers de légumes sur commande. On fait ça deux fois par semaine. Rien qu’avec ça, j’ai couvert en chiffres et en marges la perte de l’activité bar. Ça m’a aussi permis de communiquer avec Ouest-France et Le Télégramme sur la région et de passer des annonces. J’ai désormais une visibilité sur tout le département ainsi que sur les réseaux sociaux ». Résultat ? Il a gagné des clients « à plus de 10 kilomètres à la ronde », et ceux qui ont testé l’initiative aimeraient qu’elle continue post-confinement.

Parmi les autres services proposés aux riverains qui lui sont entièrement reconnaissants du fait qu’il soit resté ouvert, la distribution d’attestations de déplacements gratuites et la distribution de masques chirurgicaux qu'il a pris l'initiative de commander. « Durant tout le week-end j’en ai offerts à ceux qui achetaient un magazine ». Mais le vendeur de journaux ne s’arrête pas là : « Je vends aussi des bouteilles de gaz en dépannage ». Et cela, on le lui rend bien. « Les gens jouent le jeu de la proximité, quitte à payer un peu plus cher. Sachant que les commerces de presse ou similaires au mien sont à cinq ou six kilomètres, qu’ils ont réduit leurs horaires et qu’ils ne sont pas réapprovisionnés, en tabac notamment, je récupère leurs clients. Comme ceux de Sainte-Anne-d’Auray, par exemple. Que voulez-vous, ici on a un habitant par hectare ! ».

Enfin, Laurent Diemer, faute de n’avoir reçu « pas même un appel de la mairie juste en face », met en avant les efforts d’une cliente, devenue le temps du confinement couturière de masques. « Les gens mettent des sous dans une boite pour elle afin qu’elle achète du tissu ou des élastiques. C’est simplement pour les dépanner. J’en aurai bientôt par d'autres réseaux, avec des tissus aux normes. Mais cette fois-ci, ils seront pour des clientèles de professionnels. Je refuse de les acheter a l’étranger car pour moi, la qualité prime sur le reste. Au moins on sait qu'ils sont faits en France ».

Et puis, lorsqu’on l’interroge sur son rôle de diffuseur de presse, Laurent Diemer se montre encore plus chaleureux. « Dans cette commune rurale, il n’y a que trois commerces. Ces personnes, qui pour la plupart ne sortent que cinq minutes par jour, ont besoin de parler à des gens. Le lien social est encore plus fort qu’avant. Ils prennent deux ou trois minutes à discuter et ça leur fait plaisir ! ». Aussi, si la date du 11 mai paraît à la fois proche et lointaine pour un possible déconfinement, le marchand reste sur la réserve. Si les affaires vont bien pour celui qui de toutes façons n’est pas confronté à une véritable saison touristique en été, « l’avenir est encore flou. J’espère que le plus dur est passé ».