Avec Manuela Assunçao, en direct de Lanester (Morbihan)

A Lanester, près de Lorient, le confinement rime avec solidarité pour Manuela Assunçao, mère de 3 enfants en bas âge, gérante d’un tabac-presse et vice-présidente de Culture Presse pour le Morbihan depuis janvier 2020. Elle qui a repris son commerce en 2013 (100m2 pour la presse), proche d’un carrefour routier avec en temps normal, un passage de 40 000 voitures, n’a pas baissé les bras depuis la mise en place de cette mesure gouvernementale.

Au delà de la mise en place de nouveaux horaires — 8h30-12h30 et 17h-19h, 7/7 jours, au rythme d’un jour sur deux, en relai avec son employée à temps-plein, et une perte de 80 à 100 clients par jour, la commerçante a choisi de donner de son temps pour le bien-être des personnes isolées en EHPAD. Un temps à la caisse, un temps au volant de sa voiture, Manuela leur adoucit la vie, en leur apportant de la lecture.

« Depuis la semaine dernière, je propose à ma clientèle d’acheter un magazine ou un livre pour les personnes en EHPAD, que je place ensuite dans un carton dédié. Une fois par semaine, je remets ce carton à la direction de la commune, qui décide ensuite où l’envoyer. Nous sommes 4 magasins à prendre part au projet. Chacun gère le remplissage et la livraison de ses cartons comme il l’entend. La seule obligation, c’est de bien respecter le fait que le carton doive rester fermé 24 heures pour des raisons sanitaires avant leur envoi. J’ai déjà envoyé 30 magazines auprès de trois établissements de la commune, depuis. Les retours sont très positifs », explique t-elle. L’initiative aura également soudé le réseau marchand à échelle locale : « Avant chacun était un peu dans son coin. Depuis, on échange beaucoup entre collègues. On se téléphone souvent. Il y a une solidarité entre nous. »

Quant aux relations qu’elle entretient avec sa clientèle, jeune et moins jeune, elles n’auront jamais été aussi fortes : « Nous avons un rôle essentiel à jouer. J’ai toujours adoré mon métier mais j’en ressens davantage son utilité aujourd’hui. Et puis, les gens attendent devant la porte le matin. Pour certains, c’est même la sortie du jour ». Et son implication, tant pour créer du lien social, que pour diffuser la presse ou vendre des cigarettes, on la lui rend bien. En effet, si la commune ne lui a pas envoyé de protections « ce que je peux comprendre vis à vis de la priorité aux personnels hospitaliers », cette dernière peut compter sur la bienveillance et la sollicitude des habitués : « Les clients nous offrent du matériel, comme des gants, du gel hydroalcoolique et des masques. ll faut pouvoir se laver les mains entre chaque client ».

À croire qu'il y a pire, pour Manuela,que de se pencher sur les tâches administratives à l'ordre du jour, comme par exemple les demandes habituelles de réapprovisionnement de quotidiens. « Je suis le seul magasin du quartier, je me dois de maintenir le lien social ». Son secret pour porter tant de responsabilités sur ses épaules ? Faire un doux mélange de réalisme et d’optimisme : « Il faut voir du positif dans le négatif ».