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Avec Pascal Bidan, en direct de La Galicy (Morbihan)

Le confinement, Pascal Bidan, marchand de presse depuis dix ans et installé depuis 5 ans à la Galicy (Morbihan), l’avait anticipé. Lui qui dispose d’un presse-tabac avec 362 m linéaire développé presse, observait déjà la réaction des commerçants italiens afin de pas se retrouver surmené face aux mesures de confinement, imposées alors quelques semaines plus tard en France. « J’ai fait installer une paroi en plexiglas, comme à la banque, imposé un sens de circulation comme à l’église et étudié avec mon épouse, un service de deux caisses pour ne pas créer d’attente. Et le jour de la mise en place du confinement, tout était prêt », indique t-il.

Un gain de temps dans son organisation personnelle, qui lui aura permis de se concentrer sur la diversification produits et d’équilibrer sa trésorerie : « Je n’avais presque pas de presse. Et le peu qui a été livré, était en rupture permanente ! On avait des clients prêts à acheter, prêts à faire des stocks pour la semaine, y compris à prendre des livres pour enfants, mais nous n’avions pas de choix à leur proposer ! En plus, la presse jeunesse, ludique et people part très vite car les gens en ont besoin pour se détendre. Donc, on a fait 35% de chiffre d’affaires pendant le confinement, -26% en avril sur la presse et -35% sur l’activité FDJ a cause du passage très régulier de la gendarmerie qui contrôlait les sorties prétextes des gens. En revanche, en mai, j’ai fait +83% sur la papeterie et l’encre, car le magasin est le seul a en avoir dans le coin. Sans compter le tabac, puisque nous sommes les seuls ouverts dans le secteur l’après-midi ».

Des chiffres qui n’auront donc pas été au rendez-vous pendant le confinement, sans compter une réduction de son temps de travail, passé de « 70 heures par semaine à 50 heures ». Mais en zone rurale, bien que cette dernière compte 7 magasins vendant entres autres de la presse sinon du tabac, pas question pour Pascal Bidan de se décourager et de laisser tomber sa clientèle. Des riverains précieux ne pouvant se passer de ses divers services: « Nous avons eu de gros soucis avec la poste avec des timbres pas livrés, ou retardés puis déduits des comptes, etc. Toutes les postes locales étaient fermées, donc les gens venaient chez nous ». 

Aussi, le marchand de presse est allé plus loin pour être solidaire : « On a annoncé dans le magasin, les restaurants locaux qui proposaient la commande de plats à emporter. Comme ça, chacun et chacune est au courant de ce qu’il se passe dans la commune. Nous avons aussi deux télévisions dans le magasin, que les gens pouvaient venir regarder. Et puis, nous avons pris des commandes gratuitement pour une couturière de masques. On essaie de trouver des initiatives. Ici, nous avons de la chance; il y a de la solidarité entre les commerçants, les clients et les entreprises locales ».

Cette solidarité d'ailleurs, renforcée de gratitude des riverains, lui donne du baume au coeur : « J’ai des clients stressés, du milieu hospitalier qui sont contents qu’on soit restés ouverts et qui nous remercient de leur changer les idées avec la presse et les livres. Nous sommes des bouffées d’air pour eux ».

Problème, si l’activité normale reprend doucement son cours, le gérant de l'établissement Le Havane, se prépare a affronter une vague d’un autre genre : le redressement judiciaire de Presstalis, qui cause des blocages dans la distribution de journaux. Ainsi, lorsqu’on l’interroge sur son ressenti de la situation, Pascal Bidan se montre pragmatique. « La priorité, c’est d’assurer les livraisons. Avant, à Ploërmel, à quelques kilomètres d’ici, il y avaient 3 maisons de presse. Elles ont été récupérées par une épicerie et deux grandes surfaces. J’ai peur que si la situation s’éternise, elle mène à la fermeture d’autres points de vente. Heureusement, mon commerce est polyvalent et accueille une clientèle qui venait en grande surface pendant le confinement. Mais, que va t-il se passer si l’on n’arrive pas à profiter de ce qu’elle nous aura fait gagner ? Et que l’on arrive pas à la garder ? Si on n’arrive pas à retrouver la presse et qu’on n’est pas au rendez-vous, quel intérêt pour les clients de venir ? Nous savions que les éditeurs ne mettraient pas toujours la main à la poche, mais ça fait des années que ça dure. Alors maintenant, trouvons les meilleures façons pour éviter la banqueroute aux maisons de la presse pures ! »

Ces éditeurs, Pascal Bidan aimeraient qu’ils fassent preuve de sollicitude envers la profession. « Le rôle de marchand n’est pas assez reconnu et valorisé dans le système de distribution. Nous vendons beaucoup de Ouest-France, sommes même dans le Top 50 de leurs points de vente. Mais croyez-vous que j’ai vu l’ombre d’un commercial de chez eux ? Comment voulez-vous faire, comment voulez-vous que les éditeurs s’adaptent au terrain si ils n’ont pas d’informations et de remontées terrain ? On demande simplement un passage de temps en temps en boutique. C’est dommage ! Les marchands se donnent du mal pour faire des vitrines à thème et des mises en avant, mais on ne s’y intéresse pas. La majorité des maisons de la presse sont démotivés, voilà ! ». Ses perspectives d’avenir donc : « revoir les choses différemment, avec plus de contact humain et de relationnel avec les éditeurs car la presse n’est pas morte ». Et « pourquoi pas faire partie d’une commission ».

En attendant que la position de l’organisme de distribution s’éclaircisse, Pascal Bidan se conforte dans l’idée que la saison estivale portera ses fruits. Lui qui derrière son comptoir vend aussi la presse internationale dira : « Nous sommes de saisonniers, on a du tourisme l’été. Nous commencerons avec un mois de retard, en juillet mais nous finirons la saison un mois plus tard aussi. On aura simplement moins de touristes et plus de personnes de la Bretagne et des Pays de la Loire, mais je suis confiant ».