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En direct de Guéméné-sur-Scorf (Morbihan) avec Nathalie Le Maux

Assurer la vente de la presse dans une commune de pas plus de 1000 habitants malgré les conséquences du confinement. Telle est l’essentielle mission de Nathalie Le Maux, qui a réinvestit son bar-PMU obtenu en 2002, pour y vendre journaux et magazines depuis 2016 sur 10m2, à Guéméné-sur-Scorf, dans le Morbihan. 

« L’annonce du confinement a été un coup de massue pour mon mari et moi-même. Une annonce à 19h30 pour une fermeture à minuit du commerce, c’est très brutal. Nous savions dès le départ que nous resterions ouverts pour la presse ». Son adaptation au confinement, Nathalie l’a faite dès la première semaine, au travers d’un test de fréquentation. « Au départ, on ouvrait de 7h30 à midi pour sonder la clientèle. Depuis, on a ciblé 9h30-11h30, sinon midi. Y compris le dimanche. Autrement, ce serait trop dur pour le moral, que d’attendre les clients toute l’après-midi.Vous vous rendez compte, j’avais 250 à 300 passages journaliers avant le confinement et je n’en ai plus que 40 ! ». 

Pour tenir le coup, la commerçante qui refuse catégoriquement de fermer le rideau, s'est de suite imposé un nouveau rythme : « J’ai deux filles, pas de personnel employé, il fallait que notre couple soit actif dès le départ pour éviter la catastrophe ». En plus de maintenir l’activité colis, le grattage et la presse, qu’on ne trouve pas à moins de 30 kilomètres de là, cette dernière a accepté de faire des extras : « Je travaille dans la grande distribution à côté pour soutenir la trésorerie ». 

Néanmoins, sa clientèle, qui lui est très fidèle, la réconforte dans son combat : « Les clients arrivent avec le sourire et me disent un grand merci d’être là. Ils sont interrogatifs quant à notre avenir, surtout pour les indépendants, en ce qui concerne les charges, les aides de l’Etat, etc. Ça a un côté protecteur, ce fait de prendre soin de nous. Nous avons aussi gardé notre clientèle, ainsi que celle des communes avoisinantes, qui ne profitent pas d’un détour vers la grande distribution pour venir prendre le journal. Les gens viennent exprès, surtout le dimanche. Ils savent qu’on est là car je poste régulièrement des messages sur les réseaux sociaux ». Après tout, si Nathalie reste courageusement en piste, même sans masque de protection et gants, c’est parce qu’elle estime avoir un rôle très important à jouer dans cette crise. « Lorsque l’Italie a été touchée, nous expliquions déjà les précautions à prendre à nos clients, qui en général, serrent la main ou font la bise. Mais au delà de ça, il faut rester ouverts pour les personnes isolées. Nous sommes leur rayon de soleil. Oui, je le dis, la presse est un produit de nécessité ». 

Un regret cependant pour la gérante : « Les élus de Culture Presse pour les Cotes-d’Armor sont très réactifs, mais nous n’avons pas eu de soutien de notre municipalité. Pas un mot de sympathie, rien. On se sent néanmoins soutenus avec les messages des éditeurs. On se sent exister, on ne sent pas seuls ». Etape suivante désormais, pour celle qui dira « l’essentiel, c’est que l’on soit en forme » et dont la livraison de titres dépend du dépôt de Vannes : espérer que lors de la reprise générale : « on ne soit pas en rupture, même si l’on sait que les quantités sont revues à la baisse ». Pourquoi ? « Pour ne pas décevoir ma clientèle ».