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En direct de L'Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse) avec Fabienne Lauzent

Sous le soleil du Vaucluse, dans le sud de la France, Fabienne Lauzent retrouve le sourire après « une première quinzaine de confinement assez anxiogène ». Co-propriétaire avec sa sœur d’un établissement « Presse, tabac, FDJ, PMU, café et restaurant » à L'Isle-sur-la-Sorgue près d’Avignon, la commerçante revient avec nous sur les huit dernières semaines et la double crise qui touche les marchands de presse.

« On s’est adaptés ! Pendant cinq semaines environ, nous étions ouverts essentiellement le matin. Là, c’est la 3e semaine où l'on réouvre les après-midi. Une manière aussi de retrouver un rythme. Parce que du jour au lendemain, passer de 6-7h de travail à 14h, on peut avoir du mal » explique en riant cette ex-sportive de haut niveau. À l’heure du déconfinement, elle a opté pour une ouverture prolongée en journée, de 15h à 19h. « On fait du grand ménage, ça fait du bien » en rigole la commerçante qui attend, comme beaucoup d'autres, la réouverture du coin restaurant.

Après des premières semaines, un peu difficiles, les choses sont finalement rentrées dans l’ordre. « On est quand même des privilégiés, de par la situation géographique, la météo et le contexte. Nous n’avons quasiment pas eu de cas dans le Vaucluse ». Une attitude positive engendrée par la solidarité dont on fait preuve certains clients. « Ils ont apporté des masques, des gros scotch qui marquent pour le sol… ». Sans oublier l’aide des organisations professionnelles. « On a eu pas mal de support : la FDJ, la Confédération des buralistes et Culture Presse bien sûr ». Toujours pleine de ressources, Fabienne Lauzent s’adresse aussi à des professionnels pour équiper son magasin. « Je travaille avec une agence de communication depuis plus de 10 ans. Ils m’ont ainsi fait des visuels pour les gestes barrières ou pour indiquer le mètre de séparation. J’ai des stickers adaptés au sol. Ils sont très visuels avec des belles couleurs rouges. Le plexiglas a été posé par le menuisier qui m’avait fait le magasin il y quatre ans. Et un client professionnel de santé nous a proposé des visières pour le service bar et restauration quand on va pouvoir rouvrir ».

Autre raison de sourire : l’augmentation du panier moyen. « On a eu moins de clientèle, a peu près -50% de passage en caisse. Par contre, j’ai une augmentation de plus de 50% du panier moyen. Donc l’un a un peu compensé l’autre ». L’occasion également de se trouver une nouvelle clientèle locale. « Les gens, en règle générale, consomment sur leur lieu de travail ou sur le lieu de courses, et plus rarement sur le lieu de vie. Les choses ont changé. Cette perte de clientèle de passage est un peu compensée par le gain de la clientèle locale. En espérant qu’ils se souviennent de nous quand ils vont reprendre leurs activités », veut croire la commerçante à l’accent chantant typique du sud de la France.

Outre la crise sanitaire, c’est aussi une crise de la distribution que traversent actuellement les marchands de presse. Une situation que suit Fabienne Lauzent et qu’elle tente de retourner à son avantage. « Les éditeurs sont frileux et on manque de papier. Mais cela nous a permis de vendre ce qu’on vend le moins, voire pas du tout. Personnellement, j’ai pu dépoussiérer mes rayonnages. Et mettre en avant des choses cachées. Comme je le dis toujours à mes confrères : la presse, c’est comme le tabac et les bonbons… c’est une question de propreté, de présentation et de mise en avant. C’est quelque chose qui se travaille au quotidien. En tout cas c’est la politique que j’inculque à mon équipe. Et ça ne marche pas trop mal », conclut-elle de manière assez taquine.