Fake news, info palpable

La loi sur les « fausses informations », qui devait être votée jeudi dernier, a suscité de nombreux débats, tant et si bien que le vote a été reporté à juillet tous les amendements n’ayant pas pu être étudiés. Le texte vise à permettre à un candidat ou parti politique de saisir le juge dans une période d’un peu plus de trois mois avant une élection générale, afin de contrecarrer la diffusion d’une « fausse information » sur les réseaux sociaux, par exemple en faisant bloquer un site. Les débats portent surtout autour de l’enjeu de la liberté d’expression et de son éventuelle remise en question. 
Mais pour moi, l’enjeu n’est visible qu’avec plus de recul encore. L’origine du problème des fake news, ce sont les réseaux sociaux, et la rapidité parfois trop grande avec laquelle les infos peuvent circuler en leur sein, sans être vérifiées ou avérées. Les plateformes, comme Facebook, ne semblent pas avoir la maîtrise sur les contenus diffusés, ou alors font semblant de ne pas l’avoir ; alors qu’elles doivent urgemment reprendre le contrôle. 
Pourtant, il est un support qui reste toujours fiable, car impliquant un travail journalistique approfondi et de qualité : je ne vous surprendrai pas, il s’agit bien du papier ! À l’heure des débats autour des contenus, je pense qu’il ne faut pas oublier ni en séparer la notion de contenant. Bien sûr, de l’information de qualité est présente sur le net : mais la vigilance doit s’appliquer dans la remise en question de ce qui est trop vite relayé sur les réseaux sociaux. Alors que rares sont les cas où le papier a véhiculé une fausse information pouvant nuire à la vie démocratique… Le journaliste qui publie sur papier est 100 % responsabilisé, il est redevable de ce qu’il écrit. Tandis que sur Internet, l’anonymat et le partage effréné prend le dessus et noie l’origine de l’info. Enfin, j’ajouterais, pour aller plus loin : ce n’est pas seulement l’info politique qui doit être vérifiée et surveillée, mais bien toutes les infos, toutes catégories confondues. 

 Monika Gerhardy, vice-présidente nationale de Culture Presse