Quatre questions à Colin Niel, lauréat du Prix des lecteurs Culture Presse / Le Livre de Poche

Colin Niel

Après Anne-Gaëlle Huon, qui a conquis le jury avec ses Demoiselles, Colin Niel a reçu le Prix des lecteurs Culture Presse / Le Livre de Poche pour Entre Fauves. Concourant aux côtés de Adrien Borne (Mémoire de soie), Serena Giuliano (Luna), Laurent Petitmangin (Ce qu’il faut de nuit), Julien Sandrel (Vers le soleil) et Sophie Tal Men (Là où le bonheur se respire), Colin Niel a été récompensé jeudi dernier. L'auteur entre autres d'Obia et Seules les bêtes se confie dans La Quotidienne.

Après le prix Libraires en Seine et Libr' à nous, vous remportez le prix des lecteurs Culture Presse / Livre de Poche. Que représente ce prix pour vous ?

J’étais complétement emballé par ce prix, que j'ai découvert très récemment. Honnêtement, je n’en avais jamais entendu parler. Mais j'ai assez vite réalisé qu'on parlait avec les marchands de presse d'un des principaux réseaux de vente du livre en France, avec 21 000 points de vente. En recevant ce prix, je pense à toutes les zones en France, que ce soient les petites villes ou les zones rurales, dans lesquelles il est difficile de se procurer des livres. On a conscience que l'accès au livre n'est pas forcément évident. Forcément, cela me touche énormément de me dire que l'on parle de ce réseau de 21 000 points de vente et ce maillage-là partout dans le territoire.

Je suis d'autant plus content que le prix concerne Entre Fauves. Il est probablement celui qui prête le plus à la lecture, mais aussi le moins consensuel et le plus clivant dans ses thématiques. Cela me touche d'autant plus que mes livres se passent beaucoup en zone rurale que ce soit en Guyane, en Lozère, dans les Pyrénées. Ce sont des territoires qui m’intéressent. Donc savoir qu'on va un peu irriguer ce réseau de marchands, cela a du sens et cela me parle beaucoup.

Quel regard portez-vous sur les marchands de presse ?

Je pense que nous (les auteurs, NDLR) avons une vision très partielle de ce monde-là, parce que nous avons tous acheté un livre dans un magasin de presse. Cependant, nos relations sont beaucoup plus fortes avec les libraires, car c'est un réseau que l'on connaît mieux. Je trouve cela dommage. En effet, je pense qu'il y aurait des choses à faire avec les marchands de presse.

Comment vous-est venue l'idée d'écrire un livre mêlant l'univers de la chasse et des réseaux sociaux ?

Pour écrire ce roman, je suis parti de l'affaire du lion Cecil, qui a été tué par un dentiste américain et dont les images ont ensuite été diffusées en ligne. Cette affaire a envahi l'espace public. Les réseaux sociaux ont amené à la connaissance du grand public quelque chose qui était complétement caché. J'étais à ce moment très préoccupé par la chasse aux trophées. Pour le meilleur et pour le pire, il se trouve que maintenant cela arrive dans le débat public. Avant d’écrire Entre Fauves, cela faisait déjà un bon moment que je pensais écrire autour de ce sujet de la chasse aux trophées. C'est un sujet qui me trottait en tête et me tracassait beaucoup.

Après deux romans plébiscités (Entre Fauves et Seules les bêtes) et un album photo en collaboration avec Karl Joseph, vous vous apprêtez à sortir Darwyne. Pouvez-vous nous en parler ?

C'est un livre qui se passe en Amazonie. C'est l'histoire d'un enfant qui est déchiré entre l'amour pour sa mère, qui est total et inconditionnel, et son attirance presque magique pour la forêt amazonienne, qui est proche de son lieu de vie avec laquelle il entretient un lien très singulier.