Quatre questions à Johanne Bastien, co-fondatrice de Cocottes Magazine

Johanne, Géraldine et Aurélie

Le 29 juin dernier, Johanne, Géraldine et Aurélie lançaient leur titre Cocottes Magazine (3,90 € ; codification : 13499) dans le grand bain. Une parution créée par des femmes, pour les femmes et autour de sujets qui touchent les femmes. En somme, le « féminin parfait de la mère imparfaite ». Un mois après la sortie du sixième numéro en points de vente, Johanne Bastien revient avec nous sur cette nouvelle aventure. Et sur les difficultés à exister en tant que petit magazine dans l'univers impitoyable de la presse.

Comment est né ce projet ?

On travaillait toutes les trois pour un magazine de presse gratuit en montagne. Par pur hasard, il s'avère que nous avons été toutes mamans en même temps. Nous sommes de grandes lectrices de presse et on se disait qu’il manquait peut-être sur le marché quelque chose qui nous parlerait réellement. Et au final, on s'est dit : « si on veut voir des choses dans un magazine, on a qu’à le faire nous-même ! ». Au final, on a tourné le magazine comme une conversation entre copines. Agrémenté de propos d’experts, avec un éclairage et des témoignages.

Vous avez d'abord lancé le magazine uniquement sur le web. Pourquoi ce choix ?

Le projet a commencé en 2019. On devait initialement sortir notre premier numéro en 2020. Et bien dans les points de vente. Mais il y a eu le confinement. On s’est dit que ce n’était peut-être pas une bonne idée de sortir un magazine inconnu dans ces conditions-là. Alors on a un peu changé notre fusil d’épaule, en se disant qu’on allait essayer de le vendre sur le web d'abord. Toujours au format papier, mais en vente uniquement via notre site web. Finalement, beaucoup de gens nous ont demandé si nous étions en points de vente. La presse était très associée aux kiosques et aux magasins. Moi la première, j'ai besoin de feuilleter un magazine avant de l’acheter. Pour mieux toucher notre cible, les femmes de 30 à 45 ans, qui n'est pas forcément sur les réseaux sociaux, nous avons réuni au printemps nos dernières économies pour sortir un sixième numéro en linéaires.

Est-ce difficile de rentrer dans ce système de distribution et de vente pour un petit magazine comme le vôtre ?

On avait déjà un petit aperçu de ce que pourrait être la distribution en points de vente et en kiosques. Mais c’est plutôt quelque chose qui est à la portée des grands groupes. Ou en tout cas des gens qui ont les reins solides. Car il faut être diffusé en masse. Et puis c’est le jeu des économies d’échelle. Moins on en vend, plus on paye de communication. En sachant que nous n'avons pas une grosse notoriété. Nous n'avons pas l’effet de vente d’un titre de presse bien installé. C’est un gros challenge. On a des ratios de vente qui doivent être assez élévés pour pouvoir rentabliser tout ça. Le bilan de tout ça, c'est que nous sommes sorties de notre zone de confort. On tente, et ça passe ou ça casse ! Jusqu’à présent, notre audace a toujours payé. Pour ne rien vous cacher, on a une grosse pression.

Avez-vous des doutes sur ce choix de passer aux points de vente et aux kiosques ?

Il y a un peu d’appréhension oui. Parce qu’on a le sentiment que dans ce système, et je ne vise personne, ce n'est pas à la portée de tout le monde. Et surtout pas des petits. Nous ne sommes pas un rouleau compresseur. Au final, nous sommes très tributaires de comment les marchands vont vouloir nous mettre en avant. On se rend compte que le monde de la presse payante est impitoyable. On a pas envie que ça s’arrête, mais on attend vraiment les chiffres du 29 juillet pour pouvoir prendre la dernière décision.