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Sur le terrain avec Stéphanie Berger & Hélène Parsis, à Cysoing (Nord)

L’union fait la force. Surtout en ces temps difficiles. Stéphanie Berger et Hélène Parsis tiennent toutes les deux un point de vente à Cysoing, dans le Nord, près de Lille. Pour nous, elles reviennent sur ces dernières semaines de confinement. Une période qu’elles vivent chacune à leur façon, alors qu'elles alternent chaque jour derrière le comptoir.

« Ah, si le travail à mi-temps pouvait faire tourner le magasin… » lance Stéphanie Berger, qui précise que le commerce n’est ouvert qu'une partie de la journée désormais. « Je trouve que c’est un rythme qui est assez agréable. Finalement, on travaille le matin, et on a toutes nos après-midi. Malheureusement, ça ne fait pas bouillir la marmite à fond et à mon avis on ne pourrait pas tenir sur le long terme ». Heureuse de pouvoir venir travailler tous les jours, contrairement à certains autres commerçants de la petite ville (5 000 habitants environ), la copropriétaire de ce point de vente de 120m2 environ, positive.

De son côté, Hélène Parsis avoue avoir connu une période de doute, notamment les premiers jours. « Je me sentais un peu mal à l’aise à l’idée de venir travailler, de faire venir des gens chez nous et peut-être partager ce microbe. Certains ne venaient que pour un loto. Que je puisse l’attraper ne me dérangeait pas en soi. C’était plutôt l’idée de le donner à quelqu’un sans le savoir qui me mettait mal ».

Des tests peu concluants

Pour s’adapter à cette situation exceptionnelle, les deux femmes expérimentent de nouveaux procédés. « Hélène a eu l’idée de mettre devant le magasin, en quasi libre-service « La Voix du Nord ». On a mis une table, une quinzaine de journaux, une boite avec du gel hydro-alcoolique et une boite avec un peu de monnaie ». L’idée est simple : inciter les gens à rester dehors, à respecter les gestes barrières mais aussi à les responsabiliser. « Mais en fait, on n'a jamais notre compte ! Entre les gens qui doivent se tromper dans les pièces, ou bien des gens qui sont tentés de ne pas tout mettre… ».

Si ce petit test, basé sur la confiance, ne s’est guère montré concluant, les deux commerçantes ont tout de même pu compter sur la générosité de certains clients. « Un client nous a fait don de plusieurs masques et même de visières. Mais en fait, c’est flou » sourit Helène Parsis. « Je porte des lunettes avec des verres progressifs, et ça me troublait ma vue. On les a offerts à des clients et ils étaient contents ». Stéphanie Berger en profite pour louer la solidarité de certains clients. « Plusieurs clients, qui travaillent dans une entreprise juste à côté, nous ont apporté une petite trousse avec des petites bouteilles de gel. Ils passent plusieurs fois dans la semaine et nous réapprovisionnent ».

« Presstalis ? Peut-être pas plus mal maintenant »

Malgré une période délicate, les deux commerçantes estiment avoir limité la casse en terme de chiffre d’affaire. Si elles n’ont pour l’instant pas fait les comptes définitifs, elles estiment les pertes à moins de 50%. « Le panier moyen a augmenté. Avant il était de 9€. Maintenant, il doit être de 12-15€ » détaille Hélène Parsis. « La chance que nous avons, c’est le marché du mardi, qui s’était arrêté, et qui est revenu. Les clients reviennent dans le magasin ». Une augmentation qui est la bienvenue alors que la presse française doit faire face à deux crises : celle du coronavirus et celle du distributeur Presstalis. « De mon point de vue finalement, je me dis que c’est peut-être pas plus mal que la crise de Presstalis arrive en même temps que le Covid. Les gens souffrent peut-être un peu moins de la disparition des titres en linéaires » argumente Stéphanie Berger.

Aussi, si le PMU, les paris sportifs, les colis Mondial-Relay, la vente de titres de transports, et la vente des produits D-Shop sont arrêtés, les commerçantes misent sur d'autres offres produits : les livres d'activités. « Normalement c’est plutôt en juin, mais là, on a pris de l’avance ». Et si les magazines pour enfants ont toujours la cote, c’est finalement un produit… insolite qui fait le bonheur des clients. « Des graines à semer » explique Hélène Parsis. « Les gens avaient envie d’aller au potager, de planter leurs courgettes ou d’autres légumes… Ils retournent à la nature ».