Chaque mois, La Quotidienne d’Union Presse donne la parole à un marchand de presse, afin de partager sa vision sur la filière. En ce mois d'avril, Florent Gruet, partage son amour du métier, qu'il exerce depuis plus de 30 ans.
Qu’est qui vous anime encore après plus de 30 ans de métier ?
J’aime ce que je fais ! J’aime la presse, je suis né dedans, c’est un produit vivant qui se renouvelle tous les jours. Il a été annoncé mort plusieurs fois, pourtant il n’est pas dans les pires secteurs. Il a su s’adapter à ses époques, à ses changements. C’est un rempart positif à l’IA. Il y a encore beaucoup d’interrogation sur ce sujet, en dépit de toutes les possibilités que cela peut offrir. Sur Internet, c’est compliqué de vérifier ce qui est marqué, alors qu’avec le papier, il y a une trace écrite.
Quelles sont vos coups de cœur du moment ?
Il y a plein de sorties superbes, qui n’ont pas le même impact chez moi. Je suis dans un établissement en zone rural donc ce qui marche ici est assez différent de ce qui marche en ville. J’ai suivi le Papotin et j’ai beaucoup aimé. J’ai aussi apprécié le JD News. Au-delà des idées politiques, j’ai trouvé qu’il s’agissait d’une vraie nouveauté, c’est un magazine qui a su trouver sa place dans la presse. Sur le côté esthétique, c’est Harper’s Bazaar, c’est le genre de magazine qui tire notre métier par le haut.
Quel est le moment privilégié de vos journées ?
C’est une fois que j’ai tout fini et que je peux lire. Le matin, je suis occupé avec le déballage des magazines, la mise en place… Là, je peux voir les unes et quand j’ai un moment dans la journée, je peux me poser pour feuilleter plus en détails les pages. C’est aussi l’avantage du magazine, ce sont des articles qui sont assez long, mais que l’on peut lire en plusieurs fois.
Comment imaginez-vous votre métier dans vos prochains mois ?
Je ne suis pas inquiet sur l'avenir de la presse magazine. La plus grosse inquiétude, c’est plutôt sur la rentabilité. Je le vois avec les clients que j’ai, et même avec les nouvelles générations. Ils continuent à venir pour découvrir un titre, dont ils ont pu voir l’accroche sur Internet par exemple. Je ne suis pas inquiet, car je pense que les gens auront toujours plaisir à prendre le papier dans les mains. Je me rappelle qu’il y a quelques années à un congrès, on nous annonçait que la filière n’avait plus que trois-quatre ans devant elle, mais nous sommes toujours là.
Quel message avez-vous à adresser aux marchands de presse ?
Il faut garder la foi ! J’ai discuté avec un marchand de journaux, il n’y a pas longtemps et il était en panique après l’incendie de l’entrepôt de Béziers. Je lui ai dit qu’il ne fallait pas paniquer, on a la chance d’avoir un système où, derrière le dépositaire, il y a des groupes. Ça a été démontré, lorsque Presstalis a chuté, personne n’est resté sur le carreau. Dans le travail, il faut que le positif l’emporte sinon, c’est que l’on s’est trompé quelque part. Moi, je suis heureux, je suis née dans la presse, j’ai le nez dedans depuis que je suis petit, je n’ai jamais douté. On travaille avec un produit vivant donc c’est normal que quelquefois, il y a des accros, mais il ne faut pas se focaliser uniquement dessus.
Quelles sont vos prochaines batailles en tant qu’élu de Culture Presse ?
C’est important de défendre les idées de chacun, moi, je suis très attaché à la voix de la ruralité. Je n’ai jamais eu l’expérience d’avoir un magasin en ville, et ce n’est pas la même approche. J’aime bien dire que tous les jours se jouent un épisode, on voit des clients réguliers, il y a une vraie fidélité, qu’il y a peut-être moins en grande ville. Je porte aussi la volonté de l’entraide, je trouve qu’aujourd’hui c’est de plus en plus difficile et que, bizarrement, il y a moins d’entraide.