Chaymaa Deb et Mathieu Combe ont lancé le magazine l’Iceberg, trimestriel dont l’objectif est de creuser de manière plus profonde les sujets liés à l’écologie. Le premier numéro est sorti le mois dernier. Rencontre Rencontre avec ses fondateurs.
Comment est née l’idée de L’Iceberg ?
Matthieu Combe : On a l’impression que les personnes sont un peu perdues dans un flot d’informations. Avec internet et les informations qui fusent partout, c’est parfois difficile de faire le tri. L’idée c’est de se dire qu’à travers chaque numéro, nous creusons un sujet de façon transversale pour offrir un panorama assez complet. Natura Sciences est un média qui traite de manière assez scientifique ce sujet. Dans les médias, c’est souvent le côté militantisme qui est mis en avant. Ce qu’on cherche à faire, c’est croiser les regards, nous pensons que c’est complémentaire.
Chaymaa Deb : Matthieu a fondé en 2009 Natura Sciences, un média numérique dédié à l’écologie. Je l’ai rejoint en 2017. Nous traitons l’actualité des grands évènements comme la COP 21, la marche pour le climat… On a aussi fait des interventions auprès du public scolaire. C’est un élément clé de la création de L’Iceberg. Toutes ces années, le grand public a pu avoir des connaissances sur le sujet, l’écologie ce n’est plus une niche. Ce qu’on a remarqué, c’est que c’était encore traité de manière caricaturale et la population a parfois du mal à voir l’impact que cela peut avoir sur elle. L’idée c’est de transmettre une information qui va être pluridisciplinaire pour que le lecteur puisse s’approprier le sujet. On veut apporter une réponse à la soupe médiatique servie par certains médias où tout le monde sur le plateau s’appelle 'expert' pour tout et rien.
Comment passe-t-on de Natura Sciences à la presse magazine et imprimée ?
CD : En étant un média en ligne, on est dans le flot de l’actualité. C’est un peu être un hamster dans une roue, on nous abreuve en permanence et on finit perdus. Pour bien comprendre ce que l’on avance et notre position, il faut être capable de se mettre au calme et de prendre du recul. Quel meilleur outil qu’un magazine ? On peut prendre la revue, lire un article, la poser et reprendre plus tard, elle sera toujours là.
Pourquoi avoir choisi cette image de L’Iceberg ?
MC : Il y a l’idée de la face immergée. Nous ce qu’on veut dire, c’est qu’il y a un ensemble de défis dont on parle moins. On veut partir de ce qui semble évident et creuser vers des choses qui tombent moins sous le sens. Il y a aussi l’idée du froid. Aujourd’hui on lit beaucoup "réchauffement climatique", "il fait de plus en plus chaud" et ça n’aide pas forcément au discours. On veut refroidir le climat, pour refroidir les esprits et pouvoir plonger au calme dans cette revue.
En quoi L’Iceberg diffère-t-il des autres revues sur l’écologie ?
MC : Déjà, il y a l’idée que nous nous présentons comme une revue, qui se base sur le triptyque scientifique, artistique et militant. Chaque numéro traite d'une seule thématique que l’on va vraiment creuser au maximum.
CD : L’une des premières différences, c’est aussi que nous n’avons pas de publicité. Par rapport à d’autres, il y a cette approche pluridisciplinaire qui permettent au lecteur de voir émerger des connaissances approfondies sur un sujet. En essayant de traiter au maximum de la "face immergée", on veut que les lecteurs aient le sentiment de vraiment avoir appris quelque chose et leurs donner des outils, pour faire avancer les choses à leur niveau.
Concrètement, qu’est-ce que le lecteur va trouver dans ce nouveau magazine ?
MC : Des grands reportages, à la fois en France et à l’étranger, ainsi que différentes analyses, qu’elles soient politiques ou économiques. Il y a aussi un entretien avec une figure scientifique, ici Heidi Sevestre, qui est aussi la marraine de ce premier numéro. Ils trouveront également une BD, un portfolio, une carte… On essaye vraiment de faire le tour de différentes disciplines, que ce soit les sciences dures ou humaines.
Comment fait-on pour rendre l’écologie désirable, attirante et ouverte à tout le monde ?
MC : Il faut montrer la réalité de ce qu’il se passe dans la vie, par des reportages avec des élus locaux par exemple. Souvent dans les médias on observe les problèmes, mais la partie solutions, elle passe à la trappe. C’est ce qui contribue aux problèmes aussi. Il faut donner les solutions aux problèmes.
CD : L’écologie est trop politisée. Elle est souvent montrée comme punitive, ce qui peut donner l’impression de laisser de côté de nombreux Français. Il ne faut pas instrumentaliser l’écologie de manière politique ! Quand on voit que les problèmes continuent d’augmenter, bien sûr qu’il va falloir être ambitieux. Qu’on soit de gauche ou de droite, la fonte des glaciers impacte tout le monde. Il faut apporter des éléments concrets sur les sujets, mais aussi offrir des solutions, au moins des pistes, pour donner à chacun les outils pour agir.