Six questions à Céline Lis-Raoux, fondatrice du magazine Zèbres & Cie

Céline Lis-Raoux

Fondatrice de nombreux magazines de presse dédiés à la santé, Céline Lis-Raoux a lancé un nouveau titre : Zèbres & Cie, à destination des neuro-atypiques, qui représentent 12% de la population en France. Rencontre avec une journaliste engagée et engageante.

Pourquoi avoir créé ce nouveau magazine ? 
J’ai décidé de fonder Zèbres & Cie car j’ai remarqué qu’il y avait un manque flagrant dans la presse, au niveau des questions liées aux problèmes dys. Il faut savoir qu’ils concernent 12% de la population en France, ce qui n’est pas négligeable à mon sens. À titre personnel, je suis maman de deux enfants avec des neuro-atypies et je me suis rendu compte de la difficulté à trouver des informations fiables, des informations sur la vie quotidienne. Pourtant, je suis journaliste, c’est mon travail de trouver l’information. C’est un sujet important, la neuro-atypie ce n’est pas qu'à l’école, c’est souvent là que c’est détecté, mais à la maison et dans la vie quotidienne, ça continue. En tant que créatrice de titres de presse, je me suis dit que si moi j’avais besoin de ce genre d’informations, plein d’autres personnes en avaient besoin aussi.

Pouvez-vous expliquer le nom Zèbres et Cie ? 
« Zèbre », c’est un mot générique. Ce n’est pas parce que nous, on le dit, qu’il nous appartient. Ce que j’aime bien dans cette idée, c’est que dans un troupeau, chaque zébrure est unique. Sur les 12 % de neuro-atypiques, chacun est unique. C’est l’idée d’un groupe, d’un troupeau, mais dans lequel chaque individu est unique. J’ai hésité avec plusieurs autres noms, mais il fallait créer un titre sympathique, qui ne soit pas excluant ou qui fasse peur.

Comment avez-vous élaboré la formule du titre ?
J’ai eu une grosse chance, j’ai reçu une subvention de la DPI. Je dis chance, car ce n’est pas le genre de projet qu’ils ont l’habitude de subventionner. On a eu un numéro zéro, pour se caler et bien préparer notre projet. Autrement, on a fait tout le lancement d’un magazine classique. On a eu six mois pour faire ce numéro et le tester auprès de diverses personnes. L’équipe de journalistes qui travaillent avec moi est composée de parents de neuro-atypiques, donc on est concernés nous-mêmes par le magazine. Parmi nos pigistes, on a essayé de faire rentrer des profils de neuro-atypiques. C’est important pour moi, on ne peut pas parler de cela si personne n’est concerné au sein-même de notre rédaction. 

Que va-t-on retrouver dans ce numéro ? 
On a les rubriques d’un magazine absolument normal, ce n’est pas un titre professionnel, c’est à destination des particuliers. Dans ce premier numéro, on a un reportage avec Markus Janne, membre d’un groupe de rock autiste ; un sujet autour du harcèlement à l’école ; un reportage dans un collège à Bordeaux ; et même un sujet à New York où le maire est dyslexique. 

Votre magazine s’associe à un comité de conseil, pourquoi ?
Tous ces sujets autour de la neuro-atypie, ce sont des sujets assez délicats. J’ai demandé aux spécialistes indiscutables de la psychiatrie en France de mettre la main à la pâte. L’ensemble de la copie est relu. Je ne suis que journaliste. C’est arrivé une fois, on a fait un papier dans lequel on citait une étude et la doctorante, mais sans citer le patron de l’Insern (institut national de la santé et de la recherche médicale) qui avait dirigé l’étude. Ils nous sont tombés dessus. Pour Zèbres & Cie, je veux bien faire : les papiers sont écrits par des journalistes seniors et ensuite, ils sont relus par des professionnels.

Quels sont vos objectifs avec ce magazine ?
Je veux être utile ! Si on veut que la presse continue à avoir des lecteurs, ça veut dire qu’il faut s’emparer de sujets qui intéressent. Il faut que nous soyons capables de faire une presse affinitaire grand public. Je considère que 12 % de la population, c’est du grand public.